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Les causes de la régression
du Lynx boréal en Europe

Présent depuis la Préhistoire dans probablement toute l'Europe - des plaines jusqu'aux montagnes - le Lynx boréal a vu son aire de répartition diminuer à partir de la fin du Moyen-Age. Quelques siècles plus tard, au début du XXè siècle, l'espèce avait disparu de la quasi-totalité de l'Europe de l'ouest. Les causes de cette disparition sont multiples.

Chronologie d'une disparition :

Selon STAHL et VANDEL (1998), en Europe de l'ouest, "dès la fin du Moyen-Age, la disparition du Lynx était notée dans les zones de plaines et les petits massifs forestiers. En Bohême centrale par exemple, la disparition du Lynx s'étale entre le XVè et le XVIIè siècle. En ex-RDA (Allemagne de l'ouest, NDLR), les dernières colonies se sont éteintes vers 1700.

linx vel lincis animal immundum sed perspicue videns
( Bestiaire du XIIIè siècle - BNF )

En France, pour LAVAUDEN (1930) l'espèce pourrait avoir subsisté dans les forêts de plaine du nord et du centre jusqu'au XVIè siècle. En Alsace et dans les Vosges, les dates de dernières captures remontent au début du XVIIè siècle et au XVIIIè siècle dans le Palatinat.

Ainsi, dès 1800, si l'on excepte les forêts boréales de l'Europe du nord et de l'ex-URSS, le Lynx n'occupait plus, en Europe, que les très vastes massifs montagneux comme les Pyrénnées, les Alpes, et le Massif central, les Carpates, l'est de la péninsule des Balkans, et les forêts de Bohême et de Bavière. La régression de l'espèce s'est poursuivie dans ces derniers refuges montagnards, et à la fin du XIXè siècle - ou au plus tard au début du XXè siècle - il avait été éradiqué complètement de tous les pays de l'Europe de l'ouest.

En France, les dernières captures remontent à la fin du XIXè siècle pour le Jura, et le Massif Central. Dans les Alpes, les dernières observations ont été un peu plus tardives, la disparition définitive s'étalant entre 1910 et 1930, en France comme dans les autres pays de l'arc alpin. Dans les Pyrénnées, les dernières captures remonteraient à 1917 ou aux années 1930-40 mais la survie de l'espèce a été encore discutée ultérieurement.


Période historique	1800	1960
Evolution de la répartition de Lynx lynx et Lynx pardinus en Europe de l'ouest (cliquer sur les images pour agrandir)

Pour la partie européenne de l'aire de répartition du Lynx, les seules populations autochtones à avoir subsisté jusqu'à nos jours se trouvent dans les Carpates, en Europe du nord, et probablement dans une partie des Balkans."

Les causes du déclin :
(brouillon)

Toujours d'après STAHL et VANDEL (1998), "les facteurs couramment évoqués pour expliquer la raréfaction progressive de l'espèce au cours des siècles puis sa disparition totale, sont essentiellement de trois ordres:

- Une pression de la chasse ou des destructions directes du prédateur trop importantes pour être compensées par la reproduction;

- Une régression des habitats forestiers liée au développement de l'agriculture et de l'exploitation des bois;

- La régression voire la disparition des Ongulés sauvages, proies principales du Lynx.

L'importance respective de ces différents facteurs est difficile à cerner, mais des interactions sont évidentes.

En France, par exemple, la régression de la couverture forestière a été importante jusque vers 1760-1850. Les forêts couvraient à cette époque moins de la moitié de la surface actuelle. Les populations d'Ongulés de taille moyenne (Chevreuil et Chamois essentiellement) ont subi des déclins considérables, amenant à leur quasi-extinction dans de nombreux départements. Ces deux évènements ont été accompagnés du développement, dès le Moyen Age, des troupeaux domestiques et du pacage en forêt. Cette évolution crée évidemment les conditions d'une augmentation de la prédation sur les animaux domestiques et, en retour, de la lutte contre les grands prédateurs.

Si la régression des populations d'Ongulés et des forêts sont des facteurs évidents de régression pour un animal forestier comme le Lynx, carnivore strict de surcroît, l'action directe des destructions ne doit pas être négligée. L'éradication des grands prédateurs a été un but poursuivi par toutes les sociétés rurales européennes. La plupart des administrations ont versé des primes pour la capture des grands prédateurs, pour leur tir ou leur empoisonnnement. La capture de Lynx était certainement payée également comme l'attestent certains textes locaux anciens. Ces mesures ont été aggravées par le développement rapide, en moins de 50 ans, au début du XIXè siècle, des armes à feu performantes, permettant d'atteindre un animal à plus de 100 m. Ainsi, même si le Lynx n'a pas été l'objet, comme le Loup, de tentatives d'éradication de grande ampleur, la persécution directe ou même, plus simplement d'une chasse inadaptée à la biologie de l'espèce, ont été probablement une cause importante de disparition. Ces présomptions sur la sensibilité de l'espèce à des prélèvements forts, trouvent une confirmation dans des observations récentes faites dans de nombreux pays de l'est et du nord de l'Europe où l'espèce n'a pas été totalement éradiquée. Dans différentes régions, les fluctuations enregistrées au cours des décennies passées ont été attribuées à la pression de chasse et aux variations du statut légal."